Quelques idées théologiques fondamentales(de Jean Calvin; le réformateur)

Publié le par Fédérations des Églises Africaines de Suisse

calvin2.jpgLa théologie de Calvin est très détaillée et d’une grande diversité. Son Institution (la version définitive date de 1559) constitue la première dogmatique protestante détaillée. Dans cet ouvrage, le renouvellement réformateur atteint son apogée en s’opposant à la tradition scolastique et en dialoguant en permanence avec les écrits complets de l’Ancien et du Nouveau Testament.
L’Institution démontre que la pensée de Calvin est marquée par deux pôles complémentaires : il souligne d’une part la gloire, la majesté et l’omnipotence de Dieu incarné en Jésus-Christ et, avec le même niveau d’importance, le salut de l’homme. Calvin apparaît ici comme un élève (néanmoins autonome) de Martin Luther. Les deux pôles, la gloire de Dieu et la délivrance des hommes, ne font qu’un : c’est justement dans la rédemption de l’homme et son incarnation que se manifeste la gloire de Dieu

« La connaissance de Dieu et la connaissance de soi »
(Extrait de l’Institutio I, 1, 1-2)

Toute notre sagesse - si elle mérite ce nom, si elle est véritable et fiable - se résume en deux points : la connaissance de Dieu et la connaissance de soi. Ces deux points sont rattachés par des liens tellement multiples que l’on ne saurait dire lequel est supérieur et lequel est à l’origine de l’autre.
D’une part, quiconque s’examine ne peut ignorer que c’est Dieu qui donne « la vie, le mouvement, et l’être » (Actes 17,28.) Car tous les dons qui constituent nos biens, nous ne les tenons évidemment pas de nous-mêmes. Notre existence même en tant qu’hommes consiste uniquement à trouver notre essence dans le Dieu unique. Et d’autre part, les bienfaits dont le ciel distille sur nous la rosée nous mènent comme les ruisseaux à la source, et c’est justement notre pauvreté qui nous fait comprendre plus clairement l’infinie richesse de Dieu. C’est particulièrement la décadence dans lequel nous a plongés la perte de la foi du premier homme qui nous contraint à regarder en haut : affamés et assoiffés, nous devons implorer Dieu de combler le manque mais également apprendre l’humilité dans la crainte de Dieu. ... Ainsi, la conscience de notre ignorance, de notre vanité, de notre pauvreté, de notre faiblesse, notre dépravation et notre corruption nous fait comprendre qu’en Dieu seul se trouvent la lumière de la sagesse, la force inébranlable, la surabondance de tous biens et la justice véritable. Ce sont justement nos imperfections qui nous tournent vers les biens de Dieu, il nous faut d’abord commencer par être mécontents de nous-mêmes pour aspirer réellement à Lui. Car naturellement, l’homme préfère se complaire en lui-même et y parvient assez bien – tant qu’il n’a pas commencé à se connaître et ignore ainsi sa misère ou refuse de la voir. Au contraire, quand nous commençons à nous connaître, nous avons non seulement le désir de connaître Dieu mais nous sommes conduits par la main à sa rencontre. Mais l’homme ne peut en aucun cas se connaître véritablement s’il n’a pas d’abord contemplé la face de Dieu et de cette contemplation est conduit à se regarder lui-même. Car un orgueil énorme nous est inné et c’est pourquoi nous avons toujours l’impression d’être irréprochables, sages et sacrés si nous ne nous confrontons pas aux preuves de notre injustice, de notre corruption, de notre stupidité et de notre impureté pour percevoir la réalité. Mais tant que nous nous regardons nous-mêmes sans regarder également le Seigneur, nous ne serons pas convaincus : en effet, Dieu est la seule norme qui nous permet de nous évaluer nous-mêmes. Par nature, nous avons tous une tendance à l’hypocrisie. C’est pourquoi une illusion de justice nous satisfait autant que la véritable justice. »

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