Togo: un dignitaire religieux à la tête de la commission de réconciliation

Publié le par Église Évang. Réformée Africaine de Suisse

phpThumb_generated_thumbnailjpg1-copie-1.jpgAu Forum de Caux, Mgr Nicodème Barrigah, évêque togolais, a détaillé les ambitions – et les limites – de la commission vérité, justice et réconciliation qu'il préside depuis une année. Elle est chargée de faire toute la lumière sur le passé trouble de ce pays de l'Ouest africain.

Par Samuel Ramuz

 

1958-2005: quarante-sept ans de vie politique au Togo à passer au peigne fin. Voilà la délicate tâche dévolue à la commission vérité, justice et réconciliation en place depuis juin 2009 dans ce petit pays africain en proie aux dérives politiques à répétition depuis son indépendance, en 1960. « C'est la période la plus longue sur laquelle ait porté la travail d'investigation d'une telle instance », a précisé à ProtestInfo Mgr Nicodème Barrigah, son président.


Le dignitaire catholique prenait part à un atelier dédié à la réconciliation nationale à Caux-sur-Montreux, repaire estival de l'ONG Initiatives et Changement. Son 3e Forum pour la sécurité humaine a pris fin le 16 juillet (lire ci-dessous).


Comment concilier besoin de justice pour les victimes d'une guerre civile ou d'une dictature et restauration d'une dignité entre franges de la population? Et cela pour aboutir à une réconciliation nationale? C'est l'épineuse équation qu'a posée Mô Bleeker, conseillère du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) pour la politique du passé et la justice transitionnelle dans plusieurs pays du monde.


« On donne cette appellation au processus qui comprend le droit à la vérité, l'exigence de justice, la réparation des torts et la garantie de leur non-répétition », a listé dans son intervention celle qui connaît sur le bout des doigts ces concepts pour les avoir appliqués sans relâche, notamment en Amérique du Sud (Colombie, Guatemala), dans le cade d'un programme de swisspeace, la fondation suisse pour la paix.

Attitude humble à l'extrême


« Les Chiites et les Sunnites sont des cousins », a pour sa part lancé le troisième intervenant de l'atelier, Nihad Al-Sammarraie, officier des affaires politiques pour la Mission onusienne d'assistance en Irak, en guerre depuis 2003. Non sans imputer une bonne part de la pétaudière irakienne à la récupération politique de dissensions religieuses, l'Irakien a aussi pointé l'incapacité américaine à dessiner un plan pour l'avenir de ce pays du Golfe à feu et à sang, dont « la capitale (ndlr: Bagdad) est devenue un champ de mines anti-personnelles ».


Si le cas de l'Irak confine à la résignation, « en tant qu'acteurs externes, nous devons toujours adopter une attitude humble à l'extrême: qui sommes-nous pour porter une appréciation? a lancé Mô Bleeker à l'auditoire du chic salon du palace montreusien. Chaque victime a son histoire. »


De son côté, Mgr Barrigah a montré un profil tout aussi modeste. Conscient de devoir sa fonction à son statut de religieux, garant de neutralité, il appréhende la complexité de la mission qui incombe à la commission de onze membres qu'il préside. « La presse togolaise a d'emblée mis le doigt sur les lignes de fracture, notamment ethniques, qui pourraient miner notre travail à l'interne », a-t-il déclaré. Dans le pays, certaines voix ne donnent en effet pas cher de la réussite de la commission, dotée d'un budget de 4,6 millions de dollars sur un peu plus de deux ans. « Mais pour tourner une page, il faut d'abord la lire », a conclu l'évêque.

 

SOURCE: PROTESTINFO.CH

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